mardi 28 février 2012

O&R #5 : Luciano Pavarotti vs Hugo & The Storms

Je reprends un peu en main cette rubrique Originale/reprise avec deux morceaux qui ont une saveur toute particulière pour moi : deux versions de Caruso, chanson écrite en 1986 par Lucio Dalla en hommage à Enrico Caruso, fameux ténor napolitain de la fin du XIX°-début du XX°. 
Une saveur particulière donc, parce que la version de Luciano Pavarotti seul (que vous pouvez écouter ici) a, comme pas mal d'autres pièces chantées par ce grand monsieur, battu et rebattu mes oreilles dans mon enfance, mais aussi parce que la reprise que voici est interprétée par Hugo & The Storms, groupe que je suis de loin depuis environ quatre ou cinq ans et dont j'aime beaucoup le travail. Caruso, c'est un morceau plein d'émotions, difficile : il faut y mettre ses tripes, oser le sortir, soutenir ces sons toujours à la limite de la fêlure, ce qui est loin d'être chose facile (parole d'ancienne apprentie-chanteuse-lyrique), mais il n'en est que plus beau, voyez plutôt :



Plus d'infos sur Hugo & The Storms sur leur page facebook.

mercredi 22 février 2012

Here comes the new era.

Vendredi dernier à la Machine du Moulin Rouge se déroulait l'une des soirées du Fireworks! Festival, dont le principe est de faire jouer les groupes de demain dans des salles parisiennes emblématiques de la musique indépendante. SBTRKT était à l'honneur ce soir-là, accompagné par Karin Park pour assurer la première partie. 


Karin Park, parlons-en. Je n'avais jamais entendu cette jeune suédoise, ni son frangin David qui l'accompagne à la batterie, mais depuis quelques jours sa musique tourne en boucle sur mon PC. Sur scène, c'est une véritable révélation : ses mouvements fascinent, sa voix claire s'élève, parfois presque björkienne, mais avec un je-ne-sais quoi de plus. Le public est conquis et danse sur des morceaux profonds et entraînants aux accents new wave. Entre deux chansons, elle s'adresse en souriant au public dans un français parfois hésitant mais touchant, ce que la foule ne manque pas de saluer. C'est une vraie bête de scène qui est là devant nous : androgyne Kraftwerkienne montée sur d'interminables jambes, Karin chante, joue des claviers, des percussions, le tout en dansant et en nous hypnotisant. Une première partie de premier choix donc, voyez plutôt :

C'est ensuite au tour de SBTRKT de se produire, dans la grande salle cette fois. Si l'ouverture du set apparaît moyenne ("mouais, je suis pas convaincue par le live", me glisse mon auguste voisine), Aaron Jerome -aka SBTRKT- et Sampha qui l'accompagne au chant, au claviers et aux percus, se ressaisissent et font danser la foule pendant un peu plus d'une heure dans une ambiance très bon enfant, comme on disait à l'époque du Club Dorothée. Un live bien court, on ne voit pas le temps passer, surtout avec des morceaux comme Never Never (que vous pouvez entendre sur la playlist ce mois-ci), Hold onTrials of the Past ou Wildfire
En somme une soirée bien trop courte, mais intense, avec une très belle découverte en la personne de Karin Park. D'ailleurs, si vous aimez aussi sa musique, n'hésitez pas à liker sa page facebook : elle a besoin de soutien en France pour que son album sorte chez nous (et si vous avez encore des doutes, écoutez donc New Era) ! 

vendredi 10 février 2012

Boogie Nights.

Difficile de passer après ce magnifique article de la jolie June. 

Aujourd'hui je vais vous présenter un film assez dinguissime, que j'ai eu la chance de voir grâce à mon conseiller auto-attitré de belles expériences cinématographiques (il souhaite garder l'anonymat) (parce que ce blog connaît un succès exponentiel tavu), Boogie Nights
On ne comprend le titre qu'après avoir vu le film.

Boogie ça vous évoque quoi ? 

Bizarrement, l'esthétique des films des années 90 et le casting (Burt Reynolds, Mark Walhberg, Julianne Moore, Don Cheadle...) me laissait penser que le film aurait un côté "funky" et "coloré" (dans tous les sens du terme). Or le boogie "est initialement une manière pianistique d'interpréter le blues. Ce style se caractérise par un accompagnement basé sur les accords du blues et inlassablement répété à la main gauche tandis qu'à la main droite le pianiste brode des variations improvisées sur la trame harmonique du blues." Merci Wikipedia. Ça un petit côté sexuel nope ? 

Eh bien vous ne vous y trompez pas. 
Pour vous donner un avant-goût, voici l'une de mes répliques préférées : 


" I like simple pleasures, like butter in my ass, lollipops in my mouth. 
That's just me. That's just something that I enjoy. "





L'action se déroule entre les années 70 et 80 en Californie, alors que l'industrie du porno est en plein boom. La compétition entre acteurs (puisque c'est comme tels qu'ils se considèrent) est rude. Jack Horner, réalisateur célèbre et prolifique, veut révolutionner le porno. Sa vision de l'industrie pornographique réside dans ce dialogue : 



Floyd Gondolli: This here's the future. Videotape tells the truth.
Jack Horner: Wait a minute. You come into my house, my party, to tell me about the future? That the future is tape, videotape, and not film? That it's amateurs and not professionals? I'm a filmmaker, which is why I will never make a movie on tape.


Le film se construit pour ainsi dire en 2 parties. La décennie 70, où tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, tout le monde il se drogue et tout le monde il s'aime. Mais tout est excessif, tout est dans le too-much, la drogue a installé un voile sur leurs vies jusqu'à étouffer un à un chaque personnage. L'un, lassé de se faire humilier par sa femme qui passe son temps à le tromper en public, la tue, avant de se crâmer la cervelle; Buck Swope (interprété par le brillant Don Cheadle) qui cherche à monter sa propre affaire se fait rattraper par la réalité, celle d'appartenir à un milieu détesté et craint; Roller Girl se brûle les ailes en réalisant qu'à l'âge de 20 ans elle n'a toujours aucun diplôme et est la risée de son bahut; Amber Waves voit s'en aller celui qu'elle considérait comme son enfant (Dirk), après avoir vécu douloureusement la perte de son enfant biologique (elle aussi se fait rattraper par la réalité lorsque son ex-mari lui balance ses 4 vérités lors d'une réunion devant le juge)... 

Dirk Diggler est sans doute celui qui en bave le plus. Son comportement excessif et addictif le pousse à tout quitter, ce qui donne une séquence assez hilarante et pathétique d'un acteur porno qui se reconvertit dans la musique. Mais là encore, croyant que le monde lui appartient, il en fait trop et se plante. Début des années 80, la descente. Julianne Moore qui incarne Amber Waves, la figure maternelle et la catin, protectrice et vampirique, sera là pour lui faire remonter la pente. Dirk Diggler revient, la queue (c'est le cas de le dire) entre les jambes, vers ses premiers amours. Because he's "born ready". Et pour les autres ? Il va falloir regarder le film, je le crains.








Everyone has one special thing.




jeudi 2 février 2012

If I'm not makin music why the fuck am I existing?


Macklemore.
Etre fan, concept qui m'échappe un peu. Je ne m'arrête jamais vraiment sur un artiste en particulier, et de là à suivre son actualité ou chercher à connaître sa vie, encore moins, si bien qu'il est finalement très rare que j'écoute la discographie de quelqu'un de bout en bout. Mais j'ai fais un jour l'erreur de lancer la vidéo Otherside sur Youtube. J'me suis dit "Wahou, le clip est magnifique." J'ai rappuyé sur play. Je me suis rendue compte que la musique était wahou, que le mec était wahou, que son flow était wahou. Play. Les paroles. C'est là ce que me charme le plus dans sa musique : les paroles. Il faut les écouter, réécouter, les décortiquer à l'infini. Je voudrais les écrire toutes ici pour que vous puissiez vous rendre compte de la puissance de ses mots.








<< Until your stuck,
Lookin' in the mirror like I can't believe what I've become
Swore I was goin' to be someone
And growing up everyone always does

We sell our dreams and our potential
To escape through that buzz
Just keep me up,

Keep me up
Hollywood here we come. >>
- Otherside.






Macklemore.
Ce. Mec. Est. Un. MONSTRE. Le Midas du rap, tout ce qu'il met en musique devient de l'or, de l'anecdote la plus insignifiante aux sujets politiques les plus engagés. Pour mieux comprendre son rap, un petit aperçu de son histoire : Ben Haggerty, d'origine irlandaise, vit à Seattle et s'il critique sans gêne aucune les défauts de la société américaine (White Privilege // American // le génial Bush Song - Unemployment is up, the economy's in a ditch Our country's at war, but I don't give a shit I'm rich !), il est aussi attaché au colosse aux pieds d'argile qu'à son pays d'origine. Ben adore la musique depuis, euh, toujours en fait, et s'y jette à corps perdu. Pour rapper comme Lil Wayne, son idole, il commence à prendre les mêmes drogues. Macklemore c'est trois ans sous weed/cachets/oxycodone. Trois ans en apesanteur qu'il raconte dans Otherside avec un talent qui se passe de tout commentaire, mais aussi dans la magnifique Inhale Deep, ou encore dans la monstrueuse Life is Cinema (Drug use - clean up - drug use - drug use - clean up - drug use- rehab). Ca s'écoute une fois pour la musique puis dix mille pour les paroles. Macklemore c'est cette capacité à mettre la vérité en chanson.



<< Know that every struggle in life is there to teach you a lesson, It's times like this that make you, It's always the darkest part of the night right before the sun has it's breakthrough, The spirit's there to knock you down, But if you make that the end You'll never know the beauty of being able to stand up again. >> - Inhale Deep.




C'est aussi celle de réutiliser celles des autres pour faire les siennes : la version originale d'Otherside est faite avec l'instru des Red Hot et Kings reprend My body is a Cage avec Cook et Pearl Dragon. Parce qu'il faut aussi reconnaître que Macklemore travaille toujours en équipe, accompagné de son producteur Ryan Lewis, de ses musicos (dont trompettiste et violoniste) et de temps en temps de son frangin.

Mais le monsieur ne se contente pas de parler de drogues, de politique et de consumérisme (Wings). Non non, en avant la fête, son enfance et même les chansons d'AMOUR (hé oui !). Pour le premier sujet : And we danced, avec un clip complètement débile et barré, The Club, à écouter surtout pour tout ceux qui y sont justement déjà aller, Can't Hold Us (LIIIIIKE THE CEILIIIING CAN'T HOLD UUUUUUUUUUUS. Pardon.), qui donnerait la pêche à un éléphant cancéreux et façon irlandaise : Irish Celebration. C'est aussi grandir aux States : Fake ID, My Oh My (pour les fans de sport) et Remember High School et tout le reste : Good For you et Penis Song (et franchement celle-là fallait oser ahah !), Fallin (This world is bipolar, beautiful for some for others the fuckin’ saddest…), Love song, The End (à écouter tous les soirs avant de dormir !) et la superbe Hold Your Head Up. Pour ceux qui n'auraient pas envie de tout écouter, je vous donne celles que j'écoute le plus : Otherside, Can't Hold Us, Life is Cinema et The End (mais ça me brise le coeur de devoir choisir vous savez). Ou si vous préférez regarder les clips : Otherside / The Town / Wings / Irish Celebration / My Oh My et And We danced.


<< 'Cos freedom is god,
Freedom is acknowledging the mask you have on,

And possessing the strength to take it off,

Freedom is accepting every step of the path.
[...]
You always have a choice,

No matter the situation you're not bound,
To nothing, no one,

You're chosen for this job,

This is your life, you can't escape this bitch when it's hard,

Just know that it passes,

But you'll collect scars,

They never go away but they will make you who you are,

This is a beautiful struggle, i share it in song cos

I can't control this,
Remember : the moment's beyond us. >>

- Hold your head up.







Macklemore c'est lutter contre l'addiction à l'héroïne du pauvre et la marie-jeanne depuis 2008 et s'en sortir. C'est un mec qui veut vivre plus que tout et ne peux pas le faire sans musique. C'est de l'humour, beaucoup d'auto-dérision, un grand smile et surtout de la passion. Je l'admire pour ce qu'il a fait, et pour ce qu'il continue à faire aujourd'hui.



I'VE GOT A SOUL BUT I'M NOT A SOLDIER.