mercredi 25 janvier 2012

I want your love, I, I want... your love !

SHAME.
Quand on commence le film, on ne sait pas particulièrement à quoi s'attendre à part la gueule d'ange de Michael Fassbender. Mais l'attente ne sera pas longue : dès les premières secondes, plongeon dans l'univers de son personnage, Brandon... à poil. Alors que dans la plupart des films les protagonistes n'ont manifestement pas besoin de s'alimenter/se laver/dormir, le début de Shame nous livre Brandon dans une intimité sans baume et projecteurs. Brandon qui va pisser, Brandon qui se branle au bureau, Brandon qui se paye une péripatéticienne (mot compte triple pour éviter de dire p*te). Bref, Brandon est un New-yorkais aisé, surbooké et obsédé sexuel. Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si Cissy, sa petite soeur (qui jusque là se contentait de le harceler au téléphone) ne débarquait pas un beau jour chez lui. Après avoir mis un coup de batte de baseball à la charmante Carey Mulligan qu'il avait pris pour un voleur (tout ça sur fond de la chanson super groovy I want your love), il accepte finalement qu'elle reste chez lui. Et c'est là que tout commence. Parce que Shame est finalement bien plus qu'une suite de scènes pornographiques admirablement bien filmées.


<<Slowly.>>


Le vrai sujet du film, c'est cette relation aux allures un brin incestueuse, c'est ce frère qui ne décroche jamais au téléphone et c'est cette sœur qui le regarde et lui dit "sale pervers". Tout s'écroule, parce qu'ils s'étouffent, se comprennent trop bien, parce que c'est dans ses yeux qu'il commence à avoir honte.


<< - I'm trying to help you !
- How are you helping me ? You come in here and you're a weight on me. You're a burden ! >>



La descente aux enfers de Brandon (deuxième moitié du film) est captivante. Avec des allures de drogué façon Requiem for a Dream, il s'échappe de son propre appartement où sa petite soeur exige de régler leurs comptes, d'avoir une discussion ou un câlin (et où, surtout, il ne peut plus se masturber en paix). La suite de Shame c'est : Brandon dans un plan à trois, Brandon qui se fait casser la gueule par le copain de la fille qu'il allume, Brandon dans un club échangiste gay. A vrai dire, c'est Brandon sous une lumière rouge qui perd complètement pied, tout ça à grand renfort de plans fixes et de scènes décortiquées.


<< We're family, we're meant to look after each other. >>

Mais le plus intéressant, c'est sa course. Parce qu'au début, Michael Fassbender court pour s'échapper, ne plus entendre, ne plus voir, briser son souffle. Et puis un jour il se rend compte qu'il aurait peut-être dû décrocher, alors au lieu de courir pour fuir, il file vers quelque chose, vers cette petite chose blonde et déchirée qui lui sert de petite soeur.


<< Brandon, please can you pick up the phone ? >>



Shame, c'est avant tout la souffrance d'un homme qui s'effondre sur les quais de New-York, à bout de souffle. C'est un homme moderne, addict, qui fout tout à la poubelle, magazines, ordinateur et télévision pour essayer de s'échapper. C'est notre monde qui part en couilles, et les Hommes avec. C'est deux acteurs magnifiques et une bande son de fous furieux :



Je ne suis pas sûre qu'il s'en sorte un jour, mais ce film, c'est deux heures de sexe, deux heures qui dérangent, deux heures de violence et je comprendrais tout à fait que beaucoup n'aiment pas ce film, mais il reste à voir, parce qu'il est hypnotisant, outrageant et provocateur.
Un film qui prend aux tripes.

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