Henri Gervex, Rolla (1878)
Henri Gervex (1852-1929) est à la fois un parisien, de naissance et de coeur, et un grand voyageur.
- Reçu en 1871 à l’Ecole des beaux-arts, il travaille avec Alexandre Cabanel.
- Premier Salon en 1873 : avec la Baigneuse endormie.
- 1876 : rencontre et amitié avec Edouard Manet qui influencera désormais sa peinture vers l’impressionnisme.
- 1878 : Rolla, tableau influencé par un poème d’Alfred de Musset, est refusé pour indécence et exposé dans un magasin où se ruent les badauds.
- 1880-1902 : voyages en Espagne, Angleterre (trois fois avec Auguste Rodin), Italie (avec Guy de Maupassant ), Belgique, Norvège, Bavière, Russie (3 fois), croisières en Italie, Turquie…
- 1913 : Entrée à l’Institut de France.
Rolla considère d'un oeil mélancolique
La belle Marion dormant dans son grand lit ;
Je ne sais quoi d'horrible et presque diabolique
Le faisait jusqu'aux os frissonner malgré lui.
Marion coûtait cher. Pour lui payer sa nuit,
Il avait dépensé sa dernière pistole.
Ses amis le savaient. Lui-même, en arrivant,
Il s'était pris la main et donné sa parole
Que personne, au grand jour, ne le verrait vivant.
Quand Rolla, sur les toits, vit le soleil paraître,
Il alla s'appuyer au bord de la fenêtre.
Rolla se détourna pour regarder Marie.
Elle se trouvait lasse, et s'était rendormie. [...]
"Le texte retrace le destin d'un jeune bourgeois, Jacques Rolla, sombrant dans une vie d'oisiveté et de débauche. Il rencontre Marie, adolescente qui se prostitue pour fuir la misère. On voit ici Rolla, ruiné, se tenant à coté de la fenêtre, les yeux tournés vers la jeune fille endormie. Il va bientôt mettre fin à ses jour en avalant du poison.
Si la scène est jugée indécente, ce n'est pas en raison de la nudité de Marie, qui ne diffère en rien des autres nus canoniques de l'époque. L'attention des contemporains se porte en réalité sur la nature morte constituée d'un jupon, d'une jarretière, d'un corset dégrafé à la hâte, surmonté par un chapeau haut-de-forme. C'est Degas qui aurait conseillé à Gervex de mettre "un corset par terre" pour que l'on comprenne que cette femme "n'est pas un modèle". En effet, cette disposition, la nature des vêtements, dessinent clairement le consentement de Marie et son statut de prostituée. De plus, la canne jaillissant des sous-vêtements agit comme une métaphore de l'acte sexuel." (source)
Pour plus d'informations autour de l'histoire du tableau.
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